Nuit Bleue
Très regretté par les adeptes de d’architecture sonore, le festival Nuit Bleue a honoré pendant plusieurs années consécutives les croisements entre son, arts et architecture. Bien que le festival n’aie plus lieu aujourd’hui, ce site a pour vocation de faire vivre l’esprit du festival en promouvant le monde de l’architecture et de la musique auprès des passionnés et amateurs, mais plus largement de toutes formes d’expressions artistiques.
Performances vidéo, sculptures ou graff, le monde de l’art et de la fête est vaste.
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Le festival Nuit Bleue
Organisé par l’association Elektrophonie pour la première fois au cours de l’été 2002 au sein du site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO des Salines Royales d’Arc et Senans, le festival Nuit Bleue et tous les acteurs impliqués dans son organisation avaient pour vocation l’émergence de nouvelles formes de spectacles expérimentaux, conjuguant créativités visuelles, rencontres musicales et patrimoine architectural local, et ce par une série de concerts « acousmatiques » et électroniques, ainsi que par des installations à la croisée d’explorations sonores, plastiques et vidéo, mis en place par des ingénieurs souvent qualifiés d’« architectes sonores et plasticiens spécialisés dans l’intervention in situ ».






C’est en investissant des sites prestigieux du patrimoine architectural local et en associant des programmations musicales et visuelles provenant d’artistes aux horizons variés que l’association Elektrophonie a su mettre à l’honneur des sites fabuleux et d’en explorer les opportunités artistiques, à travers de multiples concerts, conférences, tables rondes, résidences d’artistes et actions pédagogiques autour des musiques électroacoustiques.
Mise à l’honneur du patrimoine architectural local
Avec des programmations entrant tout particulièrement en résonance chacun des sites architecturaux sélectionnés au cours des différentes éditions du festival, l’événement a su transformer ces monuments en véritables instruments musicaux, notamment la célèbre Saline Royale d’Arc et Senans, manufacture royale du XVIIIe siècle classée au Patrimoine Mondial de l’UNESCO et Cité Idéale conçue par l’architecte utopiste Claude-Nicolas Ledoux.
D’autres monuments franc-comtois ont également eu la chance d’être mis à l’honneur, tels que la Chapelle de Ronchamps, un chef-d’œuvre de Le Corbusier, la Citadelle Vauban à Besançon, le Palais Granvelle du XVIe siècle à Besançon également, ainsi que l’Abbaye de Marast, un prieuré fondé en 1117.
Le concept de la musique acousmatique
Également mis à l’honneur par l’événement Nuit Bleue, la musique acousmatique est un croisement de trois courants musicaux naissants, soit la musique électronique, développée par Karlheinz Stockhausen, la synthèse numérique, découverte par Max Matthiews, et la musique concrète, inventée par Pierre Schaeffer et Pierre Henry.
Le terme « acousmatique » lui-même vient du nom donné par Pythagore à sa technique d’enseignement, qui consistait à installer ses disciples dans le noir afin que ceux-ci retiennent mieux ses discours philosophiques. Tournée à l’inverse, cette technique prouve à quel point la perception du son se laisse habituellement dominer par l’aspect visuel d’une représentation musicale.
C’est cette croyance qui a poussé les acteurs ne Nuit Bleue à en développer les opportunités artistiques en diffusant les sons d’accousmaticiens sur des dispositifs surround (haut-parleurs tout autour du public) dans ce qu’on appelle un acoustimonium. Les diffusions musicales y étaient alors couplées de différents paramètres tels que des variations d’intensités sonores ou des colorations spectrales permettant d’intensifier l’expérience musicale ressentie par le public, cobaye des expérimentations des artistes.
L’exemple de la Nuit et de la Forêt acousmatiques
Animation principale du festival Nuit Bleue, la nuit acousmatique présentaient les musiques de divers compositeurs acousmatiques sélectionnés par un appel d’œuvres international, aux côtés des œuvres lauréates du concours acousmatique de la fondation argentine Destrellos, point de rencontre et de réflexion sur l’art, la science et la technologie à travers la création et la recherche cherchant à offrir un soutien aux nouvelles générations d’artistes, chercheurs et techniciens par le biais de concours et de résidences.
La programmation de la nuit se présentait sous forme de dix heures consécutives accompagnant le rythme de la nuit, du sommeil et des rêves. Le public pouvait alors s’allonger sur un matelas au centre de l’acoustimonium pour plonger au cœur de la musique au cours d’une nuit entière dans un univers sonore en trois dimensions.
En prélude de cette nuit, le collectif Oto invitait les auditeurs à circuler librement au milieu des haut-parleurs inactifs afin de les familiariser avec l’environnement et de développer leur côté imaginatif et laisser un moment précieux à leurs oreilles pour se construire et se former à l’expérience à venir.
Quelques artistes qui ont marqué le festival
Au cours des années, certains artistes de grande renommée ont marqué les différentes éditions du festival, notamment Pierre henry en 2007, et AGF en 2005. Mais c’est l’année 2006 qui a été la plus riches en artistes reconnus. Parmi eux lors de cette édition, on retrouvait, entre autres, Luke Vibert, Ovuca et µ-Ziq.
Pierre henry (2007) | Luke Vibert (2006) |
Ovuca (2006) | µ-Ziq (2006) |
Vault Dwellers (2006) | Tep (2006) |
Aoki Takamassa (2006) | Equivicleft (2006) |
Frank Bretschneider (2006) | AGF (2005) |
Le projet Architechtones
Projet d’étude et de réflexion collective sur les croisements possibles entre le son, les arts et l’architecture, Architechtones a été lancé en 2008 par Elektrophonie, rassemblant différents intervenants européens spécialisés sur le sujet. Son nom est inspiré du terme Arkitektoniki, issu de l’œuvre de l’écrivain Kasimir Malevitch « Architectones, peintures, dessin » (ed. CMNAM Centre Georges Pomidou).
L’ouvrage présente un concept social, utopique et spirituel remettant en cause les limites de la perception et des classifications, une théorie des plus pertinentes dans le domaine de l’art aussi bien que celui de l’architecture. Ainsi, les artistes peuvent repousser les limites de leur discipline et introduire une dimension temporelle dans leur art ou une spatialité dans leur musique par exemple.
Bien plus qu’un simple festival, l’événement Nuit Bleue et le projet Architechtones étaient un accélérateur de recherche artistique. N’oublions pas sa vocation et faisons vivre son esprit autant que nous le pouvons. sdkl